Leb

Depuis des années, dans son atelier de la 25e heure, l’espace qui reste entre une bonne journée de travail et le sommeil auquel il faut bien sacrifier un peu de son temps, Leb élabore une luxuriante création où l’intensité des coloris le dispute à la facétie du trait… Quiconque a assisté un jour à l’une ou l’autre de ses expositions le sait : c’est un artiste atypique à qui l’on a affaire, auteur d’une œuvre singulière, personnelle, sensible.

Né à Laval, entre des horizons marqués par les modelés colorés du Douanier Rousseau et les exubérances d’un Jarry, Leb est un pur produit de la Mayenne, marqué par l’authenticité, la franchise, la générosité et un je-ne-sais-quoi qui nous murmure qu’un tel artiste n’aurait pu voir le jour ailleurs.

Son œuvre d’autodidacte, partagée entre la gouache sur vélin et le plâtre coloré, est pétrie d’onirisme, de fantaisie et de sincérité. Certes, l’artiste utilise les habituels pinceaux, brosses, ciseaux…, mais il affectionne surtout une moulinette à couleurs et à jeux de mots, qui lui permet de regarder le monde autrement. Tout passe dans le collimateur de Leb : l’actualité qui révolte, les contorsions de la langue française (avec lui, le pied de la lettre se change en pied de nez), la musique qui offre l’évasion (prioritairement, le jazz et les chansons de Brassens et de Ferré), la nature qui reçoit un hommage permanent, le désordre à la Dalí de corps qui portent à la fois l’empreinte de leur intériorité et celle de l’espace où ils trouvent place.

Dans l’univers de Leb, qu’elle soit humaine, végétale ou animale, la matière associe toutes ses expressions ; les corps s’imbriquent, communiquent, appartiennent à la même pâte colorée, au même monde. Celui des premiers jours, des heures neuves, nimbées du sourire de l’innocence mais également touchées, déjà, par la grâce fanée de la chute à venir. Le langage pictural de Leb se nourrit de références mythiques et de clins d’œil artistique, de moqueries à l’égard d’un monde qui cherche à nous tromper et que l’artiste remet en permanence à sa place (tel est bien le rôle de l’artiste dans la cité).

Alors, naïf ?

Leb est un compositeur baroque, un piégeur d’arcs-en-ciel, un grand farceur de l’anatomie, un collectionneur de subtilités, docteur en connotations, grand ambulancier de l’actualité… Il fait naître l’insolite au cœur du banal et nous
interroge, nous, au cœur même de notre naïveté.

Exposition du Samedi 18 novembre au Vendredi 29 décembre des œuvres de Leb.